Si plusieurs entreprises britanniques l'ont adoptée avec enthousiasme, les Français peinent à être séduits par la semaines de 4 jours. Crainte de journées trop fatigantes, tarification de la garde des enfants, augmentation du stress chez les managers... les préoccupations sont nombreuses, révèle une récente étude.


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    Il suffit de jeter un coup d'œilœil sur les premiers retours d'expérience sur la semaine de quatre jours pour avoir envie d'aménager ses horaires de travail. Les salariés britanniques qui ont travaillé quatre jours au lieu de cinq dans le cadre de la campagne « 4 Day Week Global » se trouvaient en meilleure santé, tant sur le plan physique que mental. De leur côté, dirigeants et managers sont si satisfaits de ce rythme de travail alternatif qu'ils sont nombreux à l'avoir adopté de façon permanente dans leur entreprise, un an après la fin de la phase d'expérimentation.

    Si les Britanniques ne tarissent pas d'éloge sur la semaine de quatre jours, le Centre de recherche pour l'étude et l'observation des conditions de vie (Crédoc) et la fondation Adecco sont plus circonspects. Ils ont sondé 3 000 personnes actives et représentatives de la population française à propos de leur ressenti vis-à-vis de la semaine de travail compactée en quatre journées, et ont constaté que cette organisation ne répond pas aux besoins de tous les salariés.

    Les Français peu convaincus

    En effet, 32 % des salariés interrogés craignent que ce rythme hebdomadaire soit difficilement soutenable. Ils redoutent que l'allongement de leurs journées de travail génère, chez eux, une grande fatigue. Les employés (38%)) se montrent particulièrement inquiets à ce sujet, tout comme les travailleurs du secteur de la constructionconstruction (38 %) et du commerce (39 %). De manière générale, les actifs qui travaillent plus de 35h par semaine sont ceux qui s'interrogent le plus sur la soutenabilité de leur rythme de travail s'ils adoptaient la semaine de quatre jours.

    L'absence de flexibilité est aussi un sujet de préoccupation majeur. Près d'un tiers des répondants redoutent qu'ils puissent moins faire du télétravail, qu'ils soient moins souples dans l'organisation de leurs journées de travail ou encore qu'ils aient moins de RTT, s'ils passent à la semaine de quatre jours. Ces craintes sont particulièrement vives chez les professions intermédiaires (36 %) et par les 25-39 ans (36 %).

    Autre difficulté anticipée par les actifs : la garde d'enfants. Les parents de jeunes enfants appréhendent de ne pas réussir à s'organiser. Ils appréhendent tout particulièrement de devoir payer des frais supplémentaires de garderie, périscolaire ou baby-sitter, en réaction à l'extension journalière des heures de travail.

    De manière générale, 32 % des salariés français estiment que la mise en place de la semaine de quatre jours s'accompagnera de contreparties négatives. Tout porteporte à croire que les bénéfices de ce mode d'organisation dépendent avant tout des situations individuelles. Malgré tout, l'évolution vers de nouveaux rythmes de travail reste perçue comme une opportunité de mieux articuler les temps de vie, et particulièrement de disposer de davantage de temps pour soi ou pour ses proches.

    Un levier d'attractivité... mais un rythme complexifié pour les entreprises

    Du point de vue de l'entreprise, la semaine de quatre jours est un dispositif qui peut générer des tensions en interne. Des managers se plaignent d'un accroissement de leur charge mentale et de leur niveau de stressstress. Les témoignages recueillis dans le cadre de cette étude mettent en lumière une complexification du rythme et de l'organisation du travail. Un directeur des ressources humaines cité affirme que les managers travaillant dans des entreprises qui expérimentent la semaine de quatre jours sont devenus des « super planificateurs », contraints d'anticiper en amont les agendas de leurs collaborateurs. 

    L'idée de travailler quatre jours au lieu de cinq reste toutefois, dans l'esprit des employeurs, un levier d'attractivité. Ce mode d'organisation permettrait de capter des talents en quête de flexibilité, tout en fidélisant les salariés en poste. Mais encore faut-il bien expliquer son fonctionnement aux nouvelles recrues potentielles. « On a eu quelques recrutements qui se sont soldés par un échec parce qu'ils pensaient que ça allait être plus cool en ne travaillant que 4 jours. Depuis on a changé notre discours aussi en entretien de recrutement », confie un professionnel du secteur de la diffusion de mobilier et matériel professionnel, interrogé par les auteurs de l'enquête.

    À l'heure où la qualité de vie au travail est un sujet de préoccupation majeur, la semaine de quatre jours laisse entrevoir des améliorations dans les conditions salariales des actifs. Mais elle ne semble pas être un remède à tous les maux du marché de l'emploi.