Une ère d’emballement technologique semble bien profiter aux chercheurs de l’université de Caen. Au sein d’une plateforme nommée Cireve, les universitaires normands s’emploient à mettre la réalité virtuelle au service de la science, en reconstituant notamment des pans entiers de la Rome antique en 3D.


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    Dans les couloirs de l'université de Caen, une équipe de chercheurs et d'ingénieurs travaillent sans relâche à une reconstitution historique plausible de la Rome antique. Ici, pas de manuels universitaires ni de spectacles façon parc d'attractions, mais une utilisation poussée de ce que les technologies actuelles peuvent offrir. Le Cireve, le Centre interdisciplinaire de réalité virtuelle, publie régulièrement des vidéos sur la plateforme YouTube, mettant en scène des reconstitutions en 3D de la Ville éternelle au faîte de sa gloire au IVe siècle, sous le règne de Constantin. Offrant ainsi aux étudiants, professionnels et au grand public d'admirer les merveilles de Rome il y a près de 2 000 ans.

    Une maquette du XXe siècle et un moteur de jeux video comme base de travail

    Créé en 2006, le Cireve est composé de six membres, chacun ayant une spécialisation, des neurosciences à la géographie en passant par l'ingénierie 3D. Le programme s'est développé en s'axant sur une maquette de référence réalisée entre 1908 et 1942 par l'architectearchitecte français Paul Bigot. Ce dernier concevait alors une reconstitution à l'échelle 1/400 de la capitale de l'Empire romain. Une maquette massive, couvrant une surface de 70 m2, proposant une vue de la Rome du début du IVe siècle, lors du règne de l’empereur Constantin.

    Une base solide pour les ingénieurs du Cireve, dont l'une des premières vidéos est postée sur YouTubeYouTube le 22 juillet 2013. En 38 secondes, on observe les manipulations des universitaires pour recréer une partie de la cité antique à l'aide du CryEngine 3, élaboré par le développeur Crytek, dont la série de jeux Crisis est le principal fait d'armes. Et en dix ans, le Cireve s'est révélé particulièrement prolifique, améliorant constamment le rendu 3D de ses reconstitutions.

    Visite virtuelle de la salle à manger tournante qu'avait fait construire Néron, et des autres projets de cet empereur « fou d'ingénierie ». © Cireve

    La réalité virtuelle au service de l’Histoire

    Non seulement les chercheurs de l'université normande postent leurs avancées gratuitement en ligne, mais se relayent aussi lors de conférences pour parler du « Plan de Rome ». Désignant le projet de reconstitution de la maquette de Bigot, le Plan de Rome permet également aux universitaires d'organiser des « nocturnesnocturnes ». Ces événements se déroulant à la Maison de la recherche en sciences humaines de l'université de Caen sont aussi retransmis sur InternetInternet et étayent le volet technique et historique de ces réalisations.

    En février 2024, le Cireve annonçait le lancement du programme CaeSAR, visant à créer une plateforme dédiée à plusieurs domaines scientifiques, de la physique nucléaire à la chimie ou la biologie. © Cireve, Université de Caen
    En février 2024, le Cireve annonçait le lancement du programme CaeSAR, visant à créer une plateforme dédiée à plusieurs domaines scientifiques, de la physique nucléaire à la chimie ou la biologie. © Cireve, Université de Caen

    Les travaux du Cireve se déclinent aussi en réalité virtuelleréalité virtuelle pure, le programme ayant su évoluer au gré des nouvelles technologies. Possédant une salle immersive au sein du campus universitaire et de plusieurs lieux dédiés aux projets en développement, le Cireve utilise aussi des casques de réalité virtuelle, procurant une dimension nomade. Et permettant aux volontaires de vagabonder dans les rues d’une Rome antique dans laquelle le temps n'aurait pas encore érodé les monuments. Le Cireve met l'emphase sur son volet historique, mais outre les reconstructions virtuelles de villes et d'églises détruites, plusieurs personnes travaillent sur d'autres disciplines scientifiques, telles que la biologie ou les neurosciences. Dans un monde universitaire souffrant parfois de son retard technologique, le Cireve met efficacement à profit la réalité virtuelle au service de la science... Et du voyage dans le temps !